Réhabilitation du Patrimoine Public : Guide Juridique et Technique
La réhabilitation du patrimoine architectural public représente un segment croissant de la commande publique au Bénin. Ces projets, à l’interface entre préservation historique et modernisation fonctionnelle, exigent une expertise spécifique et une parfaite connaissance du cadre juridique en constante évolution.
L’année 2024 a marqué un tournant dans le financement de ces opérations avec la création du Fonds National pour le Patrimoine (FONAPAT). Ce dispositif innovant accorde un bonus substantiel de 35% aux projets intégrant un architecte spécialisé en patrimoine, reconnaissant ainsi l’importance d’une expertise dédiée pour ces interventions délicates. Pour bénéficier de ce financement majoré, l’architecte doit justifier d’une formation spécialisée ou d’une expérience significative, validée par l’ONAUB.
La législation actuelle impose des restrictions strictes concernant les bâtiments classés : toute modification de façade nécessite désormais un avis conforme de l’ONAUB. Cette disposition vise à préserver l’intégrité architecturale des édifices historiques tout en permettant leur adaptation aux usages contemporains. Les sanctions pour non-respect de cette procédure peuvent inclure l’obligation de remise en état initial, aux frais du contrevenant.
Tout projet de réhabilitation patrimoniale suit désormais un protocole en trois phases incontournables. Dans les 72 heures suivant l’attribution du marché, une expertise historique doit être réalisée par un spécialiste agréé. S’ensuit l’élaboration d’un plan détaillé de conservation des éléments remarquables, document qui servira de référence tout au long du chantier. Enfin, des contrôles inopinés peuvent être effectués par les inspecteurs de l’ONAUB pour vérifier la conformité des travaux avec les prescriptions établies.
Le cas exemplaire de la restauration du Fort de Ouidah illustre l’importance d’une approche financière adaptée. Grâce à l’inclusion d’une clause de révision indexée sur “l’inflation culturelle” (indice spécifique aux matériaux et techniques de restauration patrimoniale), ce projet d’envergure a évité une augmentation de 22% des coûts initialement prévus, permettant de maintenir l’excellence des prestations sans compromettre l’équilibre financier.
Les architectes intervenant sur le patrimoine public doivent également se familiariser avec le concept de “réversibilité des interventions”, principe désormais central dans l’approche béninoise de la restauration. Ce concept implique que toute modification contemporaine doit pouvoir être retirée sans endommager la structure historique, garantissant ainsi la préservation à long terme de l’authenticité du bâti.
L’ONAUB organise régulièrement des formations spécialisées sur ces problématiques patrimoniales, permettant aux architectes d’acquérir les compétences nécessaires pour répondre avec pertinence aux défis techniques et culturels posés par la réhabilitation du patrimoine public béninois.
